il était une fois...

Pyla

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le littoral, du Moulleau à La Salie, présente un aspect désertique, plutôt répulsif. Il n’est fréquenté que par des pêcheurs, quelques rares gardes forestiers et douaniers et des «étrangers de distinction» (J. Ragot) que des voitures à sable amènent en excursion vers la Pointe du Sud. Avec la démocratisation du tourisme balnéaire et la modernisation des moyens de transport, notamment l’automobile, le littoral séduit désormais.

Et la renaissance de deux hôtels emblématiques

Daniel Meller et Louis Gaume pressentent que la côte pylataise peut attirer une clientèle aisée, à la double condition de respecter le site et de proposer des équipements de qualité. Tous deux développent le concept de «paysage naturel urbanisé», «d’une ville sous les pins», mis en application par le biais des cahiers des charges des lotissements, basés sur le respect absolu de l’arbre et l’intégration des constructions dans le paysage. Louis Gaume, pour son lotissement de Pilat-Plage (1928), conçoit un projet global. Il vend des terrains mais aussi les maisons Gaume qui y sont ; il crée et gère des commerces (l’atelier «Au maître tapissier» de Mlle Manusset, plus tard une pâtisserie, la brasserie Haïtza Bodega, un salon de coiffure…) et des hôtels, qui sont aussi une vitrine pour attirer la clientèle, entretenir des réseaux et conclure des affaires. Le premier hôtel, Haïtza (chêne, en basque), est construit en 1930. Ttikki Etchea, situé en face, est initialement conçu comme une annexe pour loger le personnel de l’hôtel et de ses clients (les nurses n’ont pas à traverser la rue pour amener les enfants à la plage).

Tous deux développent le concept de paysage naturel urbanisé, d’une ville sous les pins

LA RÉNOVATION DE L'ÉTABLISSEMENT EST MENÉE PAR L'ARCHITECTE BORDELAIS PHILIPPE DUCOS ET PHILIPPE STARCK.

DE LA CORNICHE À LA CO(O)RNICHE

Construit en 1930 dans le style néo-basque qui est la marque de Louis Gaume, c’est un hôtel-restaurant comprenant une dizaine de chambres. D’abord mis en gérance, de 1930 à 1945, il est ensuite exploité par Jacques Gaume et son épouse Mado, puis son frère Bernard et son épouse Francine.

Il est crédité d’une étoile au guide Michelin. Il est désormais exploité par William Téchoueyres. D’origine béglaise, cet ancien international de rugby à XV a déjà derrière lui une longue expérience (barsrestaurants à Lacanau, Mérignac, Bordeaux, casinos de Biscarrosse, Mimizan, Lacanau, la Brasserie de la Plage puis le restaurant Chez Pierre, à Arcachon). La rénovation de l’établissement est menée par l’architecte bordelais Philippe Ducos et Philippe Starck. Ce designer, qui déjà conduit d’autres rénovations comme celles du Royal Monceau à Paris, est un «amoureux du bassin», qu’il fréquente depuis plus d’un quart de siècle et dont il s’inspire. Dans les 11 chambres et une suite, «une expérience de lumière pure» ; les salles de bain sont entièrement vitrées, avec des châssis métalliques galvanisés. Le restaurant est agrandi en fermant un ancien patio, la cuisine s’y fait à vue. La salle est prolongée par une immense terrasse de bois et une piscine traitée en béton gris, comme les viviers. L’esprit du lieu est conservé : la façade néo-basque, la primauté donnée à «l’un des dix plus beaux endroits du monde» (Ph. Starck). L’hôtel est adossé à la dune et dispose d’une vue unique sur les passes, le banc d’Arguin et la pointe du Cap-Ferret. L’hôtel ouvre le 20 mai 2010. Le succès est fulgurant.

D’HAÏTZA à HA(A)ÏTZA

L’hôtel est construit lui aussi dans le style néobasque, en briques silico-calcaires produites dans l’usine Gaume de Parentis-en-Born. Classé trois étoiles dès son ouverture, il est le premier à proposer des toilettes dans les chambres. Il est constitué de 46 chambres (80 en 1936), et 35 salles de bain. Tout est fait pour distraire la clientèle : bar, dancing, projections de films en plein air, tennis (1936), mini-golf (1947). L’hôtel connaît quelques vicissitudes du fait de la guerre. En 1940, il est réquisitionné pour servir de siège à la Kommandantur ; en 1945, il abrite l’école des Cadres. Il ne retrouve sa vocation initiale qu’en 1948.

Jean Gaume, le fils de Louis, sorti major de la prestigieuse école hôtelière de Lausanne, en prend la direction. Son beau-frère, William Giraud, lui succède. Il reçoit des hôtes prestigieux : Annabella, Jean Murat, Jeanne Lanvin, les Rothschild, Michelin, Mendès France, Charles Trenet, Yves Montand, Johnny Hallyday… Il ferme en 2002. Un projet, présenté en 2006, vise à en faire un hôtel 4 étoiles mais une conjoncture économique peu favorable empêche sa réalisation. Il revit sous la direction de Sophie et William Téchoueyres et après des travaux de rénovation confiés à nouveau à Philippe Starck, en janvier 2015. Il ouvre le 24 juin 2016. Il comporte 38 chambres, piscine sous verrière, salle de gym, spa, sauna, salle de massage, salon de coiffure, salle de conférence. Aux commandes du restaurant gastronomique, Stéphane Carrade, l’ancien chef étoilé de la Guérinière, tandis que le salon de thé est investi par le chef pâtissier Anthony Prunet. Là aussi le succès est au rendez-vous.

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