Il était une fois...

Les plages océanes

Très longtemps, les plages océanes n’ont été fréquentées que par les pêcheurs et les douaniers ; elles constituaient un espace répulsif.

En cause : leurs dunes blanches dont l’avancée semblait inexorable (jusqu’à leur fixation grâce à leur boisement) et les naufrages qui venaient trop souvent endeuiller les familles de marins. Puis elles se sont humanisées, notamment avec le développement du tourisme. Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, l’excursion en voiture à sable vers la Pointe du Sud, désormais disparue sous les flots, était une des promenades les plus prisées par les villégiateurs. Avec l’avènement de la « société des loisirs » (les congés payés en 1936) et une politique très active de la Miaca (Mission d’Aménagement de la Côte Aquitaine) dans les années 1960, le littoral a commencé à exercer une attraction, jamais démentie depuis.

Un espace qui s’humanise mais reste indompté et fragile

La Salie vient du nom du brick anglais La Sally, qui s’y est échoué lors d’une tempête en 1811.

L’analyse de la côte océane sur le long terme prouve à quel point c’est un espace en constante évolution.

La toponymie aussi l’atteste :
« La Salie, c’était l’océan, tandis que le Petit Nice, c’était presque le bassin car à cet endroit le banc de sable, s’étant rapproché de la côte au sud, laissait un goulet au nord et donc formait une petite lagune qui ne se vidait pas à marée basse mais refaisait le plein à marée haute… Aujourd’hui il n’a plus rien à voir avec celui des années 1960-1970 qui était particulièrement poissonneux. Les tempêtes ont remodelé la côte, le goulet s’est bouché et progressivement la lagune a disparu. Dans les années 1950, le banc du Pineau s’est accolé à la côte, donnant naissance à une lagune, d’où son toponyme… »
R. Vialard, Pyla-sur-Mer…, t. 4, p. 388 et s.

Les évolutions récentes des plages océanes ont pris de court les gestionnaires de ces espaces. Le poste de secours de la plage du Petit Nice a par exemple dû être déplacé à deux reprises, et les plages ont parfois été fermées suite à des épisodes de tempêtes.

Voiture à sable (AMLT)
Pêche à la senne, plage de la Dune du Pilat (AMLT)

Les plages océanes, espace d’attraction touristique et sportive

Plage de la Dune du Pilat (AMLT, fonds G. Marchand)

Dès la fin des années 1960, des concessions sont attribuées à des commerçants pour l’installation de buvettes et restaurants : la famille Frances, Marcel Manciet, Loulou, Marlet…
Les plages océanes sont plus fréquentées par la jeunesse et les amateurs de glisse, en contraste avec celles de Meller ou de Cazaux, plus familiales.

Ces plages sont alors lointaines, il n’y a pas encore les équipements, les campings, qui les rendent plus proches. C’est pourquoi dès le milieu des années 1970, s’y crée un espace naturiste. Dans les années 1980, il est même envisagé un projet de camping naturiste qui ne verra pas le jour… Les premiers moniteurs qui animent les clubs de plage assurent aussi la sécurité de ces plages.

Lors de la finale de la Coupe de France de surf, le journaliste de Sud-Ouest titre, le 1er septembre 1987, « La Salie propose, Neptune dispose » et la décrit ainsi : « un peu au bout du monde, sa plage sauvage a des allures californiennes ».

Littoral de la plage du Petit Nice en 1980 (AMLT, fonds J.-P. Billetorte)

Bientôt, les pratiques sportives vont se diversifier. Et en premier lieu, certains s’emparent de la mode du surf. En 1970, ce sont Loulou Marlet, Michel Montaucet et Robert Baillargeat qui créent le premier club : La Salie Surf Club. Ils témoignent dans la revue Horizon 21 de l’été 2023 : « Les débuts furent aussi laborieux sur le plan du surf pur, que drôles et magiques au niveau de l’ambiance qui régnait sur la plage de la Salie […]. On donnait des leçons alors qu’on ne surfait pas terrible. On donnait les cours sur le sable, presque, histoire de ne pas prendre de risque ! On était des escrocs ! Des escrocs sympathiques, hâbleurs blagueurs, des « exagérateurs » : la vague de 70 centimètres surfée dans l’après-midi mesurait 2,50 m le soir à l’apéro chez Foulon ! »

Un autre club, Océan Roots, est fondé en 2003 par Nicolas Padois et Anne-Cécile Lacoste, tous deux dotés d’un riche palmarès, et marqué par des figures telles que Maxime et Alex Castillo, Pierre-Louis Costes. En 2013, ils s’associent au sein de l’Union des Clubs du Bassin d’Arcachon (USCBA). Par la suite, d’autres clubs se créent (Pyla Surf Club, etc.). Ils animent les plages par leurs cours l’été et avec leurs licenciés le reste de l’année, puis organisent des manifestations qui inscrivent ces plages dans la géographie du surf.

Parapentes sur la Dune du Pilat dans les années 1990 (AMLT)

Transaquitaine, années 1990 (AMLT)

Autre pionnier, celui de la planche à voile, Jean-François Mandeix fut président du club des Dauphins. Il crée la ligue Sud-Ouest dont le siège social est abrité par la maison du tourisme (actuelle mairie annexe), organise la première régate de char à voile, avec le soutien du Syndicat d’initiative de Pyla qui finance un chalet de char à voile en 1987, dédié en fait à tous les sports de glisse.
Tous ces clubs, fortement impactés par l’incendie de 2022, ont repris leur activité et ont fait preuve de résilience, comme le reste des gestionnaires de ces sites magiques mais fragiles.